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corneille skip to content inicio search for: le site du mouvement corneille october 28, 2016 october 28, 2016 david goodis : rue barbare rue-barbare david goodis nous enchante toujours mais là, tout est multiplié par cent, voire mille. il développe un talent effrayant dans la description de l’homme moyen et d’une société qui fonctionne encore en castes et en systèmes de clichés. rien que les scènes de combat valent la lecture. j’utiliserai le terme « galvaudé » de chef d’œuvre. le héros s’appelle chester lawrence et il n’a rien d’un héros. et pourtant…le travailleur baignant dans le cambouis et la mouise se métamorphose en personnage impressionnant de justesse et de courage. il se souvient de son passé de caïd, de petit boss du quartier. mais aujourd’hui, tout ça est bien loin. aujourd’hui il a une femme, qu’il n’aime pas vraiment, le frère et le père de sa femme, deux débauchés qui profitent de son dévouement à la tâche. aujourd’hui il se sent réduit à rien. juste un rien dans un grand vide. mais un soir, le passé resurgit d’une simple rencontre entre le rien et une jeune chinoise couchée sur un trottoir sale et puant. c’est le début d’un retour aux germes du passé. la bouche descellée et les poings à nouveau serrés, chester se remet en route vers un court instant de gloire et de dignité. le passé lui doit une vengeance. « elle gisait sur le dos, dans le ruisseau de ruxton street, à dix heures dix, la petite chinoise. » « les utopies apparaissent bien plus réalisables qu’on ne le croyait autrefois. et nous nous trouvons actuellement devant une question bien autrement angoissante : comment éviter leur réalisation définitive ?… les utopies sont réalisables. la vie marche vers les utopies. et peut-être un siècle nouveau commence-t-il, un siècle où les intellectuels et la classe cultivée rêveront aux moyens d’éviter les utopies et de retourner à une société non utopique moins « parfaite » et plus libre. » (nicolas berdiaeff) how many goodly creatures are there here ! how many beauteous mankind is ! o brave new world ! that has such people in’t ! » (tempest « la tempête » de william shakespeare, v, 1.) je dois d’emblée vous avouer que ça fait un bout de temps que je n’ai pas lu ce roman. mais je vais essayer de rassembler les éléments dont je me souviens. la première chose dont je me souviens, c’est l’architecture grise et massive qui domine le monde. tout est grand, impersonnel, froid, déshumanisé. l’homme ne semble plus avoir le droit de signer ses œuvres architecturales. l’art est devenu plus qu’un loisir ou un état d’esprit. c’est devenu un des bras du pouvoir. l’art n’existe plus comme tel. la technique a remplacé l’imagination, le pratique s’est substitué à la projection immanente. il en est de même pour la multiplication des êtres humains. il existe de nouvelles méthodes qui ne font plus appel à l’homme mais à un usinage pointilleux de haute technologie. grâce à des procédés exceptionnels, un œuf peut se diviser, une fois bokanofskifié, et ainsi donner jusqu’à 96 bourgeons : le procédé bokanovsky est l’un des instruments majeurs de la stabilité sociale ! david-goodis des hommes et des femmes conformes au type normal ; en groupes uniformes. tout le personnel d’une petite usine constitué par les produits d’un seul œuf bokanovskifié. — quatre-vingt-seize jumeaux identiques faisant marcher quatre-vingt-seize machines identiques ! – sa voix était presque vibrante d’enthousiasme. — on sait vraiment où l’on va. pour la première fois dans l’histoire. – il cita la devise planétaire : « communauté, identité, stabilité. encore une fois, comme dans le livre de bradbury, tout est beau, parfait, huilé mais un élément perturbateur va enrayer la grande horlogerie. ce grain de sable s’appelle le sauvage. vous me direz que ce n’est pas très original mais peu importe les éléments de base du roman. l’histoire vous emporte dans un cauchemar aux atours fabuleux. un peu comme il existe des réserves de native americans, il existe une réserve de native humans. j’ai pris l’initiative de faire une digression, veuillez m’en excuser. toujours est-il que ce monde si bien mis en place et au fonctionnement en apparence si aisé risque de s’effondrer. la critique doit s’arrêter là, au risque de dévoiler un peu trop l’histoire. délectable, ce roman est effrayant et merveilleux à la fois. october 28, 2016 october 28, 2016 jean-claude izzo : total kheops jean-claude-izzo jean-claude izzo : total kheops jean-claude izzo est décédé au début de l’année 2000, emportant avec lui toute une féerie sombre affiliée à marseille. izzo est étouffé par ses immeubles « cages à lapins », embué par une pollution automobile ignominieuse, endormi par une chaleur asphyxiante, grisé par le pastis et repu par les délices de la gastronomie. tout à la fois poète de l’urbain, au même titre qu’un pier paolo pasolini, et prophète d’une marseille qu’il veut voir à nouveau triompher, il écrit d’une plume leste ses sentiments nés de cette impression de décadence. il parle de cette poésie magistrale qui pâlit devant les mines hâlées des malfrats, traîne le long des sentiers, jouit d’une canebière attristée, copie de celle qu’elle était avant, et se laisse aller aux turpitudes de la vengeance. marseille est un frein usé à la nostalgie. enfance heureuse, passée à rêvasser, à penser au futur, à écouter des récits de pirates et d’aventuriers qui laissent songeur, présent désespéré, seul, à voyager avec la mort et les souvenirs jaunis. le récit de fabio montale. simple flic, désabusé, noyé en plein marasme. un homme attaché à son pays, marseille, et qui suit la même route descendante. partout émergent des groupuscules racistes, mafieux, des actes de folie barbare. c’est marseille. tout y est comme ailleurs mais en plus excessif, en pire ou en mieux. le goût des extrêmes, parfois indélicat. fabio a perdu manu, un ami d’enfance tombé dans la criminalité et ugo, l’autre ami d’enfance, est mort après avoir crû venger manu. leïla, la belle arabe, que fabio admire et aime en silence et par décence. leïla, sœur de driss et kader, deux jeunes qui s’en sortent à peu près, qui affrontent les coups durs en frappant plus fort. les drames se suivent et trahissent la précarité de marseille, la folie qui investit son melting-pot. et il y a aussi lole qui erre encore, gitane fantomatique, gracieuse, la plus belle d’entre toutes les femmes. marseille décortiquée dans ses moindres détails, mœurs terribles mises à nu, son cœur et son âme sont ajourés. voit qui peut. roman du désastre, du « grand bordel », marseille, un endroit utopique aux veines bouchées, aux égouts ouverts sur le réel, aux races qui ne veulent plus se mêler. marseille, peinture mélancolique d’izzo, dont on sent les relents de l’amour qu’il lui a consacré. izzo, parti en fumée, marseille, orpheline. un des meilleurs romans policiers français, un des plus intenses. a tel point qu’on a envie de venir soutenir izzo, de le relever, de lui dire qu’il n’est pas trop tard, que marseille, que la france, ce n’est pas encore foutu. réquisitoire contre « l’infiniment petit de la saloperie du monde ». total-kheops « avec manu et ugo, on était des habitués de la canebière. comme tous les jeunes, on venait là pour se faire voir. » voici, en marge des critiques, quelques articles sur cet auteur tout autant passionnant que passionné, passionné par sa ville, par ses héros, et par une certaine beauté de la france traduite par une diversité d’êtres et de cultures qu’izzo ne cessera de chanter avec amertume et tristesse. october 28, 2016 october 28, 2016 thierry jonquet thierry jonquet mygale thierry jonquet est l’un des enfants chéris du polar français. son parcours étonnant et sa polyvalence, son goût pour l’expérimentation et le contre-pied de la tradition policière ont fait de lui un des écrivains genresmineurs les plus remarquables. mygale est très dérangeant. l’atmosphère sadique et sombre que dégage le roman participe à l’enfouissement du lecteur dans un univers décalé et pourtan